Place et Halle des Carmes, 1905, NEURDEIN, Etienne et NEURDEIN, Louis-Antonin, Archives de Toulouse. 9Fi165 - 188

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Les Carmes : du couvent médiéval au marché disparu

Sais-tu qu’il fut d’abord un couvent, avant d’accueillir une halle de marché ? Plonge dans le passé fascinant de ce lieu emblématique.
Plan Melchior Tavernier, 1631, Archives de Toulouse

Un couvent au cœur de la ville

Tout commence à la fin du XIIIe siècle quand des ermites revenus de Palestine, les frères de Notre-Dame du Mont Carmel, s’installent à Toulouse. Ils choisissent un emplacement stratégique : au sein du quartier juif, à proximité du pouvoir comtal (château Narbonnais) et du pouvoir religieux concentré autour de la cathédrale Saint-Étienne.

Ces religieux bâtissent un couvent qui marquera durablement le paysage urbain. Toutefois, la Révolution française bouleverse l’ordre établi. Le couvent est alors abandonné, puis racheté par la ville en 1807. Il est rapidement rasé, laissant place à une vaste esplanade.

Marché des Carmes, Charles Chevillot, Archives de Toulouse. 24Fi2414

De la place au marché couvert

L’histoire du site ne s’arrête pas là. En 1892, l’ouverture de la rue de Metz entraîne la destruction du marché Esquirol, véritable « ventre de Toulouse » de l’époque. Pour compenser cette perte, la municipalité aménage une halle de marché sur l’ancienne place du couvent des Carmes. Cette halle devient rapidement un lieu incontournable de la vie commerçante toulousaine.

Le règne de l’automobile

Le XXe siècle rebat de nouveau les cartes, les priorités changent et la municipalité fait des choix radicaux. En effet, il faut de la place pour les voitures. Beaucoup de place. Si bien qu’au début des années 1960, décision est prise de raser les deux halles de marché du centre-ville : Victor-Hugo, dans un premier temps, les Carmes, dans un second temps. Adieux le verre et l’acier, place au béton ! À la place des deux halles sont bâties deux marché-parkings, avec les loges en rez-de-chaussée et les stationnements dans les étages. En ce qui concerne le parking des Carmes, un immeuble de bureaux attenant complète le projet.

Tête christique du couvent des Grands-Carmes

Les vestiges discrets d’un passé oublié

Malgré les transformations successives du quartier, un témoin discret du couvent des Grands-Carmes subsiste encore aujourd’hui. Une tête christique, vraisemblablement issue du portail de l’église d’origine, contemple les passants depuis une façade attenante à la rue des Filatiers.

Vous êtes averti. Lors de votre prochaine visite dans le quartier des Carmes, n’oubliez pas de lever la tête. Peut-être poserez-vous les yeux sur ce timide spectateur du changement.

Crédits Photos : • Place et Halle des Carmes, 1905, Toulouse. Photographes: NEURDEIN Etienne et NEURDEIN Louis-Antonin. 9Fi165 - 188 - Archives de Toulouse. • Plan Melchior Tavernier, 1631, Archives de Toulouse. • Marché des Carmes, Charles Chevillot. 24Fi2414, Archives de Toulouse • Marché des Carmes : depuis la rue des Prêtres, Toulouse (1963), Jean Paul Escalettes, 42Fi1424 - 365. Toulouse. 5.63, Archives de Toulouse.